Ici, il ne s’agit pas de dire la symbolique des animaux que je dessine, ( les livres et articles ne manquent pas à ce sujet, a mon sens leur symbolique est propre à chacun ).
Ce que je pose a cet instant est : » Qu’est-ce que j’apprends lorsque je dessine ces animaux ? qu’est-ce que j’observe au moment auquel mes yeux se posent sur la photo et lorsque je commence à tracer les premiers traits.
Il y a souvent un personnage qui arrive entre le chevalet et moi : la » fée du logis » ( nommée ainsi par Virginia Woolf ) : « t’as pas fais la vaisselle ? passes l’aspi au moins… ya pas des choses plus importantes à faire ? tu perds ton temps. C’est pas comme ça que tu vas payer tes factures…. » elle en a des choses à dire, des choses à faire, un emploi du temps de ministre pour montrer que c’est une personne importante qui réfléchis bien… vous la connaissez non ? peut être a-t-elle un autre nom chez vous… c’est parce que je l’écoutais que j’ai arrêté de dessiner durant 7 ans… Et des fois c’est comme si elle était dans le corps de la personne qui est a côté de moi… Elle est maligne… ( d’ailleurs je viens de faire la vaisselle… 1 / 0 pour la fée ! ) .
Ce n’est pas grave elle parle, puis se fatigue. Rassurez-vous il y en a un autre qui prend le relais, dans l’espoir que je devienne une personne sérieuse et responsable ( une « grande personne » comme dirai notre Petit Prince ) sinon c’est pas drôle… » le comptable » celui qui vous met la bien pression » va falloir un résultat, tu peux jouer avec tes crayons si il y a quelque chose à montrer avant la fin de la journée. Va falloir être à la hauteur et puis si tu rate tu vas gâcher ( papier, peinture, temps, argent…. faites vous plaisir il a plein d’idées !)… il faut être productif ! et puis dans la vie si on ne souffre pas il n’y a pas de mérite ! et puis quoi encore, aimer son métier ? C’est pas une vie !! « ….ah … Vous le connaissez aussi lui ? décidément ils sont partout ! Un bilan c’est annuel pas quotidien ! reviens plus tard ! ( nul jugement aux personnes qui œuvrent en tant que comptables c’est un métier pas un état d’être. )
Et le dernier n’est pas des moindres… » Le briseur de rêve ». Lui, c’est l’artillerie lourde… Envoyé lorsque les autres se sont cassé les dents : » nan mais, qu’est-ce que tu crois t’es pas douée. ça intéressera personne ce que tu fais. nan mais euh, lâche l’affaire… c’est trop difficile pour toi. t’y arrivera pas. enfin fais ce que tu veux hein, moi je dis ça… c’est pour t’éviter d’être déçue, c’est pour ton bien. Et puis à ton âge… rêver encore… nan mais t’es sérieuse ? » lui, c’est le plus balèze. Il broie tout sur son passage comme un rouleau compresseur. Tout ce que vous avez fait pousser, ce que vous avez vu grandir et pour peu qu’il ait l’apparence d’une personne qui est chère à votre cœur, il pourrait annihiler toute créativité, tout élan de vie, tout ce qui vous permet de croitre, d’apprendre, de vous exprimer. Il éteint. Il vous emmène dans un abîme d’impuissance…
Ah… Vous l’avez croisé lui aussi…. hum… je vois… ça fait mal.
Ils ont fait parti de mon quotidien à moi aussi. Et je vais vous dire un secret… tendez l’oreille accrochez-vous : ils n’existent pas… peut-être dans l’inconscient collectif… le surmoi….et quand bien même, vous n’êtes pas obligé de les croire, ni de répondre à leur injonctions, ni même de les écouter. Ce n’est pas vous. Ils ne sont pas vous. Ils n’ont de puissance que celle que vous leurs accordez, c’est de votre énergie à les combattre qu’ils se nourrissent, il suffit juste de passer son chemin. Cela est simple en théorie et difficile en pratique, et soyez fiers de vous quoiqu’il advienne.
Je n’y prête plus attention, cela ne veut pas dire qu’il ne retentent pas de temps en temps, mais au bout d’un moment ils se fatiguent. Je ne suis plus digne d’intérêt pour eux et tant mieux ! ils s’en vont. Et dans le silence qui s’installe je peux sentir un mouvement qui arrive, un mouvement qui vient de l’intérieur de mon corps cette fois. Comme une invitation, une proposition que je laisse grandir, m’emplir. Tout les mots du monde ne suffirai pas. Il n’y a pas de mots… juste des sensations…
Il n’y a plus de temps, plus d’espace… ma respiration devient ample et fluide… je deviens le dessin, les contrastes, les courbes, ce que j’observe, le son du crayon sur le papier… ce que je sais est parti. Je ne sais plus rien… je me dissous dans ce que je suis en train de faire. il n’y a plus d’objectif à atteindre, plus de contraintes… plus rien… Je suis juste l’instant, je suis présente… je suis.
Et c’est là que le dessin se crée, dans le silence et l’instant, entre l’inspire et l’expire, à l’endroit dans lequel je ne pense plus… juste je suis.
Bien à vous et soyez vous…