à l’aube

Je m'étais assoupie sous le bouleau en fleur,
Dans la tranquillité de mon monde intérieur
Quand je l'ai entendu pour la première fois.
De petits craquements légers et délicats,
Un subtil bruit de pas provenant des sous-bois.

M'étirant doucement je m'assoie en tailleur,
contre le tronc blanc de l'Arbre porte-bonheur.
Immobile aux aguets, je n'ose respirer,
Pour ne pas effrayer l'animal embusqué,
J'attends, à l'écoute, il demeure caché.

Chaque jour je m'assoie dans cet endroit secret,
Écoutant le silence où les rêve se créent.
Parfois une ombre fauve agite les fougères,
S'approchant aujourd'hui un peu plus près qu'hier,
Réveillant Roussette qui sommeille à l'envers...

Un jour après l'autre nous répétons la danse :
Je m'assoie contre l'Arbre, elle rôde en silence.
C'est un matin d'hiver que la bête apparait,
quand tout est encore gris, que la nuit disparait;
je vois un museau brun sortir de la forêt.

Sous le soleil naissant, son pelage est cuivré.
Je retiens mon souffle devant tant de beauté.
Le temps respectueux se retire un instant,
Nous laissant apprécier la Magie qui s'étend
De mon cœur à la Biche au regard envoûtant.

Sophie Couvoisier
La Biche à l’aube